Coucou je suis un poney manchot

Whale est plus ou moins monté normalement, pour un humain. Environ 1m70 pour 70kg, des cheveux châtains ni très longs, ni très courts, des yeux noisettes, un petit sourire acéré, des dents qui vont avec. Il est plutôt du genre fin, pas très musclé non plus. Il a tendance à se baffrer comme un chat domestique quand on lui donne sa gamelle, mais ses activités ont le mérite de lui faire garder la ligne. En somme, Whale est quelqu'un de plutôt passe partout, voire banal. Mais un peu sexy quand même.

Précisons également que le jeune homme décrit ci dessus est un cyborg. Un jeune et vigoureux cyborg. C'est à dire qu'il a beau avoir deux bras, deux jambes, des intestins, un estomac, une vessie, des reins, bref, des organes, la moitié, c'est du toc. Enfin du toc, non, c'est une insulte au travail du mécanicien l'ayant conçu, ça. Bref, sa main gauche ressemble plutôt bien à celle d'Anakin Skywalker, sa jambe droite à celle de Vader, et une partie de son flanc est en fait une sorte de machine qui le maintient en vie, et tient le rôle des organes absents, tels que le rein gauche, quelques bouts d'intestins... J'vous dis pas la galère quand ça tombe en panne.

Whale est quelqu'un de très... anti conformiste, dirons nous. Et très contradictoire, aussi. Tout d'abord, il déteste les gens. Rien de follement anormal si ce n'est qu'il les adore en même temps. Il ne supporte pas qu'un gonz' inconnu ou même connu d'ailleurs, s'approche de lui sans lui avoir demandé son consentement. Il les trouve adorablement ridicules et incompréhensibles. Déjà, un être humain, ça tombe amoureux. C'est débile, ça sert à rien, c'est presque méprisable et franchement risible. Mais c'est mignon. Non ? Bon, enfin. C'est comme ça pour tout, même quand ça concerne son père, le gouvernement ou encore les myrtilles, ou presque. Si vous lui parlez de raclette, il vous répondra quelque chose du style : "Mmh, ouais non, c'est vraiment trop gras, je déteste avoir l'impression de mâcher de l'huile. Mais en même temps c'est le plat le plus merveilleux de l'univers. Mais ça reste dégueu."
Il est toujours partagé entre deux nuances de couleurs, et pourtant il déteste avoir un avis qui n'est ni tout noir, ni tout blanc. Autant vous dire qu'il réfléchit beaucoup à tout ça histoire de trancher. Inutile de préciser qu'il n'y arrive jamais. Un éternel indécis insatisfait, ce qui le rend parfois tout à fait insupportable...

Il est souvent froid, distant. Un regard qui ne trahit rien, dans le genre inexpressif on fait difficilement mieux. Jamais méchant, toujours poli, pas un mot au dessus de l'autre. Même quand on lui hurle dessus, il reste calme, il parle doucement, comme à un enfant (bonjour l'insolence). Rajoutons donc qu'il est susceptible. Provocateur et cynique avec ceux qui le prennent de haut (en tout cas c'est ce qu'il croit), il n'en reste pas moins quelqu'un de doux et d'agréable avec qui on peut boire une tasse de thé accompagnées de biscuit au spéculos en discutant de "comment coiffer un poney" avec une personne bien choisie, assise au moins à 1m20 de lui.

A part ça dans la vie il est mécano. Spécialisation cyborg, niveau Bac +3. Pour lui, c'est donc synonyme de passion, patience, ardeur, endurance, force, se rendre utile... Bref, il adore ce qu'il fait. Il a décidé de mettre son talent au profit de tous quand il a débarqué ici, avec la première vague. C'est donc lui par exemple qui bidouille les armes pour y donner une nouvelle fonction (ouais, style couteau suisse), qui répare les machines qui fonctionnent encore, il crée des jouets pour les gamins du coin, bref il fait pas mal de chose, notamment avec les diverses parties de son corps qu'il modifie au gré de ses envies.

Hormis sa passion qui lui prend beaucoup de temps, Whale est... une sorte de délinquant. Les quelques personnes qu'il tolère d'avoir à proximité font avec lui vraiment n'importe quoi, du genre taguer les habitations, les murs, en insultant les têtes pensantes de ce nouveau pays, cassent pas mal de choses (qu'il répare souvent au petit matin parce qu'il s'en veut un peu), traffic d'armes, de drogue un peu aussi. Ouais, je sais, il avait l'air pas trop mal et un tant soit peu réfléchi. Mais non. Si quelque chose lui manque, c'est bien ça, la réflexion due à la maturité, qu'il ne possède visiblement pas. Mais on lui pardonne, il est gentil dans le fond. Juste un peu stupide.

Whale est venu au monde manchot. De base, il lui manquait donc déjà sa main. Mais comme au pays des cyborgs, tout le monde a des membres mécaniques (en tout cas les plus chanceux qui ont soit les moyens, soit un parent ou un ami qui s'y connait, ce qui est plutôt répendu), il a donc eu le droit à sa main mécanique. Ce qui lui permettait entre autre de faire les plus grosses bêtises qu'un gosse pouvait faire, comme brûler des poubelles, des abris de jardin, tout ça, puisqu'il avait appris lui même à modifier son outil principal.
Bien sûr lorsque son père s'en était aperçu, il la lui avait confisqué, et croyez bien qu'être manchot, c'est pas marrant tous les jours. Il la lui a rendu le jour ou il s'est aperçu que son fiston de 5 ans et demi n'arrivait même plus à ouvrir le bocal de cornichon. Et puis il a recommencé à faire son pyromane délinquant. Rien n'y faisait, ce gosse était un danger public. Il s'est arrêté vers l'âge de 10 ans, quand ça ne l'amusait plus et qu'il préférait travailler à l'atelier avec son père, pour la plus grande joie de ce dernier.

Quand il a eu 12 ans, la guerre s'est déclenchée. Il vivait dans un monde plus ou moins anarchiste, sans gouvernement, sans royaume, sans rien. Il y avait les pauvres (environ deux millions de personnes), et il y avait les riches. Qui eux, n'étaient qu'un ou deux millier, à tout casser. Sauf que les riches avaient beaucoup plus de moyens, d'armes et de pauvres petits soldats à corrompre. Son village a été attaqué pendant l'hiver. Attaque de drônes, plutôt mortelle dans le style dévastateur. Le village complet à brûlé, sa mère est d'ailleurs morte intoxiquée par les vapeurs, puis brûlée avec les reste du repas du midi. Il n'en était pas très proche de toute façon, disons que ça ne lui a pas posé plus de problèmes que ça pour s'en remettre.
Son père s'en était tiré indemne, emmenant son fils avec lui dans un lieu "sûr", qu'il disait. Tout à fait. Ce lieu sûr, c'était plus une sorte de galerie souterraine avec des chambres, une salle commune, une cuisine, une salle d'arme et une arène. Une base rebelle tenue secrète ou seule l'élite combattante pouvait se faire une place. Le père de Whale était visiblement assez connu dans le milieu, puisque bien accueilli avec la binouze; par contre son fils... Un peu moins. Aucun de ces soldats ne voyaient quoi faire d'un gamin.

Donc ils l'ont balancé dans l'arène avec un gars d'environ 16 ans, cyborg des pieds à la tête, juste pour voir ce qu'il pouvait faire. A vrai dire, Whale ne voyait même pas une once de peau sur ce gars là, hormis sa tête. Inutile de préciser que, bien sur, chacun de ses membres étaient en réalité une arme assez dévastatrice. Mais, à la surprise générale, il avait réussi, on ne sait comment, à assommer son adversaire. Bon, ça lui aura coûté sa jambe droite, certes. Mais il avait au moins gagné le respect de ses "semblables", et la fierté de son père.

Après s'être enfin remis de tous les soins et les greffes de plaques de tôle sur son petit corps tout frêle, il put enfin suivre sa formation. Et une fois que sa formation fut achevée, qui dura de ses 14 à 21 ans, faisant de lui un bon petit soldat pas trop rebelle qui se tais et obéit parce que sinon, il se fait démonter, il fut envoyé au front. Une petite équipe de 20 soldats cyborgs armés jusqu'aux dents, qui se frayait un passage jusqu'à la "maison" (en fait on aurait plutôt dit deux ou trois châteaux immenses accolés les uns aux autres, c'en était indécent de grandeur) du Commandant ennemi. Bien sur, tout le manoir fut décimé, quelques ailes ont brûlé, mais ces jeunes soldats avaient oublié un détail. Le Commandant avait une armée. Forcément, baston générale. Mais comme les soldats adverses étaient tellement plus nombreux et tout aussi armés, les 20 jeunots n'avaient pas eu la chance de pouvoir s'échapper.

Dans la salle ou le Commandant les a finalement reçu, trois jours après les avoir laissé croupir dans des cellules miteuses, il faisait chaud. Une chaleur malsaine qui vous retourne les tripes. Whale était un des derniers à passer au jugement. Il voyait ses camarades se faire découper, brûler ou démanteler comme des vulgaires voitures à la casse, selon les envies du Commandant. Ce dernier avait prévu de renvoyer les diverses parties de corps en petits morceaux de là ou ils venaient, puisque bien évidemment, il connaissait l'emplacement de leur planque. Le petit était terrifié. Lorsque ce fut le tour de son voisin de droite, Whale avait fermé les yeux. Il entendait ses cris, ses pleurs et ses supplications. Il n'avait pas pitié, il n'avait pas de dégoût pour sa douleur, non, il avait juste peur de souffrir autant. Alors il fermait les yeux dans l'espoir fou qu'il se réveillerait ailleurs, sain et sauf, loin, très loin d'ici. Et lorsque l'écho de son nom résonnait enfin dans la grande salle, Whale s'était volatilisé, emporté dans un lieu totalement inconnu, rempli de personnes inconnues, réveillé par le soleil, non pas rouge ou bleu comme il en avait l'habitude, mais par un soleil jaune-orange vif qui piquait les yeux. Et ça, ça lui plaisait, à Whale.