Aristarkh Vychedkevitch, plus connu sous le nom de "A tes souhaits"

Aris est un garçon de petite taille. Il frôle à peine le mètre soixante-dix quand il se met sur la pointe des pieds. Mais ne vous inquiétez pas pour ce jeune homme, il saura parfaitement vous briser le genou ou vous planter une dague là où il faut si jamais vous osez lui dire que sa taille est un handicap. Mais là n’est pas le sujet.
Aris peut paraître assez faible. En effet, il est assez maigre et ne possède pas une musculature des plus imposantes. Cependant, si vous avez la chance de le voir nu, ou torse-nu, (ce qui sera probablement votre dernière image avant votre mort), vous apercevrez des multitudes de cicatrices çà et là. En effet, le jeune homme ne semble peut-être pas taillé au combat, mais il sait comment prendre sur lui le temps de défaire son adversaire de ses atouts. En d’autres mots, un petit coup sec derrière la nuque vaut bien une petite lance entre les cotes.
Aris fait assez enfantin. Il a des cheveux courts et blonds, des yeux dont la couleur change en fonction de tout. Mais en général, son regard est noir comme les Enfers. Selon la luminosité, on pourrait presque croire qu’il se met de l’eyeliner. Mais, encore une fois, n’y faites guère attention car le jour où il en possède un, c’est dans votre œil qu’il risque de se retrouver.

Aris est un jeune homme assez abordable. Il est toujours très poli, très courtois, il ne lésine sur les formules de politesses et les petites conversations ennuyantes sur des sujets ennuyants – au grand désarroi de son frère. Aris aide son prochain. Aris est toujours là pour prêter main forte. Aris a choisi d’être médecin pour montrer sa bonne foi. Aris aide à planter des pommes ou des salades quand il le faut. Aris s’occupe des faibles et des démunis. Aris est toujours le premier à se porter volontaire pour des tâches ardues. Aris ceci, Aris cela. Vous aurez compris que Monsieur semble parfait car Monsieur est la bonté incarné. Mais tout ça n’est qu’une façade.
Le jeune homme n’est pas hypocrite. Il essaie juste de donner une image de lui. Il est très intelligent, relativement malin. De ce fait, il analyse très vite les gens et sait très bien ce qui leur plait. Celui-là n’aime pas parler ? Ne lui parlons pas ! Celui-là aime les fraises ? Donnons-en-lui ! En bref, Aris offre juste aux gens l’image qu’ils veulent. Il s’adapte tout bonnement aux besoins des gens. Cependant, il n’en reste pas moins sec et froid quand on commence à s’attaquer à lui. Il ne s’emporte pas aussi rapidement que son frère, mais il n’en reste pas moins hargneux si on lui cherche des poux. Vous lui faites une réflexion qui n’est pas la bienvenue et vous comprendrez votre souffrance lors de votre prochaine visite.
Aris n’a pas été élevé dans un contexte où la compassion est reine. De ce fait, il en est complètement démuni. Si son boulot consiste à vous remettre votre genou dans le bon sens, il le fera sans prendre de pincettes. Il ne vous dira pas des mots rassurants, il n’ira pas doucement, il ne vous proposera pas d’anesthésiant. Le plus vite c’est fait, mieux c’est. Personne ne connait le corps humain mieux qu’Aris. Mais personne ne peut être aussi imperturbable face à vos cris d’horreur. Aris ne prend aucun plaisir à voir les autres souffrir. Il est juste tout à fait indifférent face à ça. Selon lui, la douleur va de pair avec un corps humain. Si vous n’êtes pas prêt à souffrir, vous aviez qu’à rester enfermé dans du coton toute votre vie.
Aris n’en reste pas moins humain. Il est très sarcastique, connait le sens de l’humour et n’hésite pas à secourir son prochain. Ce n’est pas parce qu’il est indifférent à votre agonie qu’il vous laissera vomir vos tripes. Quitte à être à l’agonie, autant que ce soit en bonne santé !

Dans le monde d’où vient Aris, le monde était dévasté par un virus dont les seuls survivants pouvaient être des adolescents. Le choix était simple : soit vous mouriez, parce que vous n’avez pas de chance ou alors que vous êtes un adulte, soit vous aviez des pouvoirs. Ceux-ci étaient classés en quatre catégories, du moins au plus dangereux :
• Les Verts sont ceux étant dotés d’une soudaine trop grande intelligence.
• Les Bleus sont ceux pouvant déplacer des objets par la pensée, aussi connu sous le nom de télékinésiste.
• Les Jaunes sont ceux pouvant contrôler les courants électriques ou les créer.
• Les Oranges sont ceux pouvant s’immiscer dans les esprits des gens, les contrôler, les manipuler, jouer avec leurs souvenirs.
• Les Rouges sont ceux pouvant contrôler le feu, faire des explosions à partir de leur propre corps, aussi connu sous le nom de pyrokinesistes.
Les adultes étaient terrifiés face à ce genre de phénomène. Les gouvernements commencèrent à créer des camps, où les enfants étaient placés. Avec le temps, tout prit une allure morbide, rappelant les goulags et autres camps de concentration. Petit à petit, les Oranges et les Rouges furent éliminés pour le bien de la communauté. Des clans de rebelles avaient été créés, mais leur manque d’organisation les rendait faibles. C’est dans l’un d’eux qu’Aris et son frère jumeau Mikhail furent élevés. Ils avaient à peine quatre ans quand cette pandémie rongea la terre. Leur refuge fut découvert très rapidement par les autorités qui tuèrent tout le monde sauf les deux garçons. Et pourtant, ils auraient dû mourir.

Cependant, la chef de section à cet instant décida de se servir de l’ennemi comme arme. Elle prit sous son aile les deux jeunes enfants, se fit passer pour leur tante et leur fit développer leurs pouvoirs. Pendant les années qui ont suivi, de multitudes de tests ont été fait. Mikhail et Aristarkh étaient heureux d’avoir une maison, de pouvoir vivre librement, de n’être pas prisonniers. On leur répétait sans cesse qu’ils auraient pu mourir, mais qu’ils ont été sauvés, car ils sont dans le camp des gentils. Et pendant tout ce temps, on se servait d’eux à des fins horribles.
Les deux frères avaient développé exactement le même don : une espèce de mélange rare entre la télékinésie et le contrôle des esprits. Ils pouvaient se glisser dans les esprits des gens et dans leurs corps sans avoir de contact avec eux. Aris se spécialisa dans le contrôle du corps. Il pouvait, d’un seul regard, se glisser métaphoriquement dans le corps de quelqu’un. Il pouvait sentir tous ses organes, ses os, ses souvenirs, ses pensées. Il pouvait sentir chaque parcelle de chaque corps frémir sous son pouvoir. Mikhail, quant à lui, était plus concentré sur la soumission des esprits au sien.
Des années passèrent, durant lesquelles les jumeaux servirent, sans s’en rendre compte, les comptes horribles du gouvernement. Ils assassinèrent, bien malgré eux, des centaines de personne. On leur disait que ce n’était que des tests, que des gens qui cachaient des trucs pour de faux, des personnes qui ne ressentaient rien. En vrai, ils participaient à un recèle d’informations secrètes sur les rebelles, à d’innombrables tortures et pire encore.
Evidemment, ils finirent par le découvrir. Ils avaient seize ans. Aris tomba sur des fichiers qui n’auraient pas dû être sous ses yeux. Mikhail se fit un malin plaisir à extraire les informations manquantes de quelques passants bien placés. Et ils apprirent tout, à quel point ils n’avaient été qu’objet dans cette histoire, depuis le début. Trahis, dégoutés, ils décidèrent de prendre la fuite. Leur pouvoir avait tellement grandit qu’ils n’eurent aucun soucis à s’enfuir. Ils vécurent quelques mois, isolés, découvrant le monde déchu dans lequel ils vivaient. Aris était choqué de voir la souffrance et la peur chez les gens. Mais ils n’eurent pas le temps de jouer les touristes assez longtemps. Leur tante les retrouva. Je suis désolée, dit-elle. Je ne voulais pas en arriver là dit-elle. Pendant un instant, Aris crut qu’elle parlait de tout ce mal qu’elle leur avait fait en leur mentant. Mais en entendant l’ultrason spécial adolescents malades, qui lui paralysait tous les membres, lui fit saigner les oreilles et le nez, Aris comprit qu’elle allait juste les renfermer. Et cette fois, sans fioritures et faux semblant.
Les jumeaux furent ligotés et mis dans un sac. S’ils ne voyaient rien, s’ils étaient enfermés dans une cage d’acier, ils ne pouvaient rien faire. Ils restèrent enfermés là-dedans pendant des semaines. Dès que quelqu’un devait leur apporter à manger, ils devaient se préparer à réentendre le bruit horrible qui leur était destiné.
Puis un jour, plus rien. Le vide total. Quand ils retrouvèrent leurs sens, ils remarquaient qu’ils étaient sur une île. Avec d’autres gens autour d’eux, tous plus paumés les uns que les autres. Certains étaient blessés, d’autres à moitié mort déjà. La plupart était juste aussi paumés qu’eux. Petit à petit, ils apprirent l’existence de l’Auteure et son plan tordu. Aris, petit à petit, pris sa place dans l’Elite, alors que son frère s’éloignait de tout ce raffut. Le jeune garçon choisit de devenir médecin et d’aider les gens avec son pouvoir, plutôt que de les tuer. Malgré tout, il avait passé la plupart de sa vie à être endoctriné pour être quelqu’un de froid, taciturne, obsédé du pouvoir. Et ça, quelque part, malgré tous les efforts, ça ne part pas complètement …